Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
ALMATHE
10 avril 2007

Joëlle - L'Escale - Boulogne sur mer

Notre amie Joëlle avait mis de côté cet article qui est paru dans le journal local

La Semaine dans le Boulonnais

-Boulogne-sur-Mer-

Faire une halte à l'Escale, petit troquet de la rue de l'Ancienne comédie, c'est d'abord et avant tout aller chez la patronne. Fidèle au poste depuis 30 ans, son amour pour le métier réside dans ses relations privilégiées

Jo__une_vie

En ouvrant la porte, un rapide coup d'oeil circulaire suffit pour cerner l'endroit. L'Escale, rue de l'Ancienne comédie, cinq mètres sur six, trois tables, un comptoir. De prime abord, le café de quartier par excellence. Sur les étagères traînent des personnages à l'effigie d'une célèbre marque de whisky. Des petits, des grands, qui semblent vouloir se faire la belle, tellement ils sont là depuis longtemps. Et puis des photos. D'équipes de rugby. « Salut mon grand, comment tu vas ? » Vous êtes d'emblée interpellé par une voix rocailleuse, émanant de derrière le comptoir. Si vous ne le saviez pas encore, vous venez d'entrer chez "Jo". Jo, c'est Joëlle Wallet. La patronne. Oubliez l'Escale, oubliez Joëlle..Ici, depuis toujours, tout le monde « va boire un coup chez Jo. » Et, si vous êtes un habitué des lieux, la bise est de rigueur. Autant vous dire qu'elle la fait à tous ses clients. « Je dirais que 98 % de ma clientèle est une clientèle d'habitués », précise-t-elle. 

Siège du club de rugby
Trente ans à tenir le même troquet, ça fidélise, forcément. « J'ai acheté en novembre 1977 et ouvert en janvier. J'avais 26 ans. ». Depuis lors, l'Escale n'a jamais fermé. Sept jours sur sept. Toute l'année. C'est à peine exagéré. « Je n'ai pas pris de vacances depuis quatre ans », reconnaît la tenancière. Cela ne semble pas la perturber outre mesure. « Avec mes clients, j'ai toujours l'impression d'être en vacances. Ils sont tellement gentils. » Des clients qui, pour beaucoup, sont devenus des amis. Certains la connaissent depuis toujours. « Petite, je faisais le marché avec mes parents. Les mercredis et samedis, j'ai encore des clients qui passent, que je connais de cette époque-là. » N'en déduisez pour autant pas que, chez Jo, se côtoient uniquement les aînés autour d'un ballon de rouge ou de rosé. Toutes les générations se confondent. Notamment parce que l'Escale est aussi le siège du RCB, le Rugby club boulonnais. Ça a commencé en 1986. Un client était rugbyman. Il descendait boire un verre après les entraînements. Voilà pour la petite histoire.

Depuis, l'Escale accueille les fameuses troisièmes mi-temps. Toujours conviviales et dans un esprit bon enfant. Du reste, Jo n'a pas souvenirs d'une soirée qui aurait mal tourné. « C'est arrivé une seule fois. En 1982. Et encore, c'est à cause d'une bagarre qui a éclaté dans la rue. Quelqu'un s'en est pris aux vitres du café. »

Joelle_en_cuisine

La cuisine en prime
C'est peu dire qu'elle connaît du monde. Des anecdotes, elle pourrait, une nuit durant, vous en conter. Comme cette fois où, pour fêter le départ d'Hervé, un rugbyman qui partait vivre à Annecy, elle a fait griller un cochon de lait dans son arrière-cour, sur un barbecue improvisé à l'aide de parpaings. « Il faisait quand même 25 kilos. Une fois cuit, on l'a mis sur un tonneau, au beau milieu du café. Les gens venaient se servir. Tout le monde s'est bien régalé ! »

Il faut dire que Jo sait recevoir. Et pas seulement lorsqu'il s'agit de mettre sa tournée. Son plaisir, à Jo, c'est préparer de bons petits plats. La cuisine d'ailleurs, est attenante au comptoir. À moins d'un mètre. Quand vous entrez, c'est souvent là que vous la trouvez. « Quand je m'ennuie, je cuisine », avoue la patronne. Pas pour elle. Pour les autres. « Depuis des années, je fais ça au moins une fois par semaine. » Pour les amis. Le vendredi par exemple, après l'entraînement du rugby. Et n'hésitez pas à manger comme quatre. Jo en a fait pour huit. Elle a un coeur gros comme ça, Jo.
Mais la femme a aussi son caractère. Un caractère bien trempé. En général, elle n'y va pas par quatre chemins pour dire ce qu'elle pense. Les contraintes qui pèsent sur la profession, les interdictions toujours plus drastiques sur l'alcool, sur l'interdiction de fumer dans les lieux publics, la font bondir. « Nos hommes de loi imposent beaucoup trop de restrictions aux cafetiers. Un jour, ici, on n'aura plus le droit de fumer. Ici, ce n'est pas un service public, mais nous n'en sommes pas moins au service du public. Ce qu'il faudrait, c'est nous laisser le choix : des établissements fumeurs, d'autres non fumeurs. Et les gens choisiraient. » N'empêche, « à part ça, c'est l'un des plus beaux métiers ». Un métier, une vie, qu'elle n'envisage pas d'arrêter de sitôt. « Il faudrait vraiment que je sois fatiguée ou malade, je ne vois rien d'autre. » Mais pour l'heure, «je respire la santé mon fiu », assure-t-elle. En allumant une gauloise brune. Stéphane DANGER


Publicité
Publicité
Commentaires
F
Un grand merci pour avoir diffusé ce superbe document ! Je suis expatrié depuis près d'un an et c'est un vrai bonheur de lire cet article sur Joe : on s'y croirait ! J'ai hate de retrouver ma place au comptoir apès les entrainements et d'y savourer ses bons plats. Cela me réchauffe le coeur d'y penser ! Encore merci à vous !<br /> Peut etre à une prochaine fois là-bas !
Publicité